L'Ethiopie, qui soutient les forces loyalistes en Somalie, a affirmé mardi avoir vaincu les miliciens des tribunaux islamiques qui ont, eux, qualifié de ""tactique"" leur retrait de certaines positions du centre et du sud du pays.
L'escalade des combats a suscité des réactions inquiètes en Afrique et dans le monde, amenant .
Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a affirmé que ses troupes -entrées en Somalie dimanche selon Addis Abeba- et celles du gouvernement de transition qu'elles soutiennent avaient infligé ""plus de 1.000 morts et 3.000 blessés"" aux islamistes, lors d'une conférence de presse à Addis Abeba.
Les islamistes sont désormais ""hors jeu"", a-t-il ajouté.
""Nos forces et celles (du gouvernement de transition somalien) ont brisé les forces internationales terroristes dans les environs de Baïdoa et elles font maintenant totale retraite"", a-t-il déclaré.
Selon des habitants et des responsables islamistes, les miliciens ont abandonné leurs positions autour de Baïdoa, siège des institutions de transition somaliennes à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio.
La ville était l'objectif proclamé des forces islamistes.
Le chef de l'exécutif du Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), cheikh Sharif Sheik Ahmed, a expliqué que les islamistes avaient ""changé de tactique militaire"" et étaient prêts à ""mener une guerre de longue haleine avec l'Ethiopie"".
Les islamistes se sont également retirés de Dinsoor (120 km au sud-ouest de Baïdoa) et de Burhakaba (60 km au sud-est de Baïdoa).
Ce retrait intervient après l'entrée en action, lundi, de l'aviation éthiopienne. Elle a bombardé l'aéroport de Mogadiscio tenu par les combattants islamiques, maîtres depuis juin de la capitale somalienne.
""L'ennemi a commencé à utiliser l'aviation. Comme nous n'avons pas d'armement lourd contre cette attaque à grande échelle des forces (de) Meles Zenawi, nous avons décidé de changer nos tactiques"", a annoncé cheikh Sharif Sheik Ahmed.
M. Zenawi a reconnu la présence en Somalie de 3.000 à 4.000 soldats éthiopiens. Jusqu'à dimanche, Addis Abeba affirmait n'avoir dépêché que des conseillers pour assister les forces loyalistes, alors que les islamistes n'avaient de cesse de les accuser d'avoir envahi la Somalie.
Le gouvernement éthiopien a revendiqué mardi la prise de six localités, selon un communiqué du ministère de l'Information éthiopien. L'armée éthiopienne ""encercle"" également la ville de Dinsoor et avance ""pour contrôler Bulo, Borde et Jowhar"", selon le ministère.
Le gouvernement de transition somalien s'est déclaré mardi prêt à accorder une ""amnistie totale"" aux combattants islamiques, les appelant à déposer les armes.
Ces revers pour les islamistes interviennent après plusieurs mois d'une poussée qui, depuis le début de 2006, leur a permis de prendre le contrôle de la majorité du centre et du sud du pays, en guerre civile depuis 1991.
Les institutions de transition somaliennes, mises en place en 2004, se sont avérées incapables de rétablir l'ordre dans le pays face aux chefs de guerre d'abord, puis à la montée en puissance des islamistes.
L'Ethiopie, soutenue par les Etats-Unis, voit avec hostilité cette montée islamiste, qu'elle associe au terrorisme, et se considère en légitime défense dans ce conflit qui risque de déstabiliser davantage la Corne de l'Afrique.
Face à ce danger, le chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, a exigé mardi un retrait ""immédiat"" des troupes éthiopiennes. Il a annoncé l'envoi prochain d'une mission de l'OCI en Somalie et dans des pays voisins.
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a mis en garde contre un exode massif après celui, depuis le 20 décembre, de ""plusieurs milliers de personnes"" à l'intérieur du pays.
A Berlin, le gouvernement allemand a appelé à ""la fin immédiate de tous les combats"" en Somalie, affirmant qu'une paix durable ne pouvait être atteinte que par la négociation. (afp)