Après son succès cannois, Mille mois de Faouzi Bensaidi, épopée enfantine et poétique dans un village au Maroc, sort dans les salles. Un premier long métrage dont le style et la teneur tire le jeune cinéma marocain vers le haut. Selon Faouzi Bensaidi, qui présentait son film dans la catégorie "Un certain regard" au dernier Festival de Cannes, Mille mois serait "l'histoire d'une chaise... qui provoque un drame". Une petite chaise qui se promène dans un village marocain comme il y en a tant, traverse les champs et s'arrête sur les collines, passe ses journées à l'école et ses nuits chez Mehdi. C'est la chaise de l'instituteur, et la responsabilité du petit garçon. Mehdi doit s'en montrer digne lui serine son grand père, vieil homme sage qui, en l'absence du père, prend soin de l'enfant et de sa mère. Mais la chaise disparaît, compliquant un peu plus la vie de ce village déjà perturbé par la sécheresse, la mort d'une jeune fille et les excentricités d'un puissant alors que débute le Ramadan.

Sous un regard tendu entre contemplation et action, cette épopée enfantine et poétique trottine allègrement d'événements intimes en grands chamboulements. Exode rural, agitation sociale ou convictions religieuses se greffent avec simplicité et fluidité sur le quotidien des habitants. "Je voulais porter un regard sur l’histoire contemporaine du Maroc, explique Faouzi Bensaidi. J’ai choisi 1981, période riche et étrange avec de fortes contestations sociales, en essayant de montrer ce que les gens ont pu vivre de l’intérieur, leur rapport à l'autorité ou leur imaginaire religieux pendant le Ramadan, cet espace-temps si particulier qui dramatise le film, jusqu'à la Nuit sacrée." Couronné du prix Le Premier Regard à Cannes, ce premier long métrage stylé et plein d'humour place Faouzi Bensaidi, réalisateur, scénariste (Loin de André Téchiné) et comédien (Cheval de vent de Daoud Aoulad Sayed, Mektoub de Nabil Ayouch) parmi les meilleurs espoirs du jeune cinéma marocain.


Mille mois, film marocain français et belge de Faouzi Bensaidi avec Fouad Labied, Nezha Rahil, Mohammed Majd.