Il est un fait que les Marocains résidant à l’étranger sont des investisseurs par excellence au Maroc. Leurs transferts ont dépassé, en 2005, le cap des quarante milliards de dirhams (3,63 milliards d’euros). Ils constituent la première source de devises. Cela correspond à près de 9 % du PIB. Les dépôts bancaires qui en découlent atteignent les 87 milliards de dirhams, soit 25 % des dépôts totaux. Au-delà de cette influence macro-économique, ces fonds ont un impact micro-économique indéniable dans différents domaines. Ils augmentent tout d’abord la consommation intérieure, favorisant l’investissement national en produits de consommation. Ce qui n’est pas consommé est placé à hauteur de 72 % dans l’immobilier et le foncier favorisant la création d’emplois directs dans le bâtiment et indirects dans les corps de métiers les plus divers : menuiserie, ameublement, décoration, ou dans l’industrie : textile, électroménager, etc. Les deux tiers du reliquat sont investis dans les PME de service : blanchisserie, atelier mécanique, hôtellerie, restauration, téléphonie. Le reste est utilisé pour la création d’investissements productifs dans le tourisme, l’agriculture et l’industrie.
Immobilier et région d’origine sont incontournables La préférence pour le logement est dictée par la volonté de satisfaire ce besoin au Maroc. Il est aussi le résultat de l’absence d’informations sur les projets alternatifs au niveau de la région ou de la localité d’origine ou de départ du migrant. L’étude réalisée par la Fondation Hassan II pour les MRE montre que 80 à 90 % des investissements des MRE sont réalisés dans ces espaces géographiques. L’absence de visibilité des opportunités d’investissement ou des perspectives futures de croissance de la région imposent donc au migrant de les placer dans le foncier et l’immobilier ou de les laisser en stand-by dans les banques. Le premier cas constitue une immobilisation des ressources financières qui auraient pu être affectées à l’investissement. Le deuxième favorise la migration de ces ressources vers des régions plus prospères, exacerbant davantage le déséquilibre interrégional et alimentant la propension à migrer vers d’autres régions au Maroc ou vers l’étranger. En partant de ce constat, le Premier Forum National sur la Migration et le Développement Local a été organisé à Settat par la Fondation Hassan II pour les MRE, en collaboration avec l’université Hassan Ier. Ce forum a permis, d’une part, de mettre en valeur les potentialités marocaines à l’étranger sur les plans technologique, financier et commercial, les possibilités de coopération décentralisées avec les pays de résidence des MRE à l’étranger et, d’autre part, les alternatives de développement régional expérimentées par d’autres pays. Le débat a débouché sur la signature d’une convention qui vise à dégager des programmes de développement, permettant de donner une plus grande visibilité aux investisseurs MRE. En effet, la mobilisation des potentialités de ces investisseurs peut constituer un levier économique fort et pérenne pour le développement régional et dispenser des ressources importantes pour le développement humain afin de construire le Maroc de demain. La fondation Hassan II pour les MRE entend jouer l’interface entre les régions selon leur programme de développement et ces potentialités à l’étranger pour les mobiliser en faveur du développement et de la construction. Pour créer au Maroc une économie viable, compétitive et solide face aux assauts de la globalisation.
La migration : notre atout Notre migration n’est plus composée que de muscles comme il fut un temps. Elle recèle désormais un vivier de compétences diversifiées, capable, étant donnée sa bonne maîtrise de l’économie internationale, de participer d’une manière constructive à l’essor de notre pays. A l’heure de l’ouverture du Maroc sur l’économie mondiale, elle constitue, une chance et un atout. Notre population à l’étranger dépasse les 3,15 millions de personnes, soit plus de 10 % de la population qui réside au Maroc. On peut imaginer la nécessaire persuasion pour défendre ce pays et le levier qu’elle peut constituer pour son développement intérieur.