L'association ''Convergences 21'' a organisé, ce week-end à Tanger, une rencontre-débat sur la problématique de la désaffection des jeunes envers la politique et les moyens de les motiver pour une participation active à la gouvernance de la cité.

Le débat de ce colloque, intitulé ''l'engagement citoyen dans un Maroc en mouvement'', a été rehaussé par la participation de l'ancien chef du gouvernement espagnol M. Felipe Gonzalez.
Un témoignage fort édifiant puisque le charismatique leader du parti socialiste espagnol a été à la tête du gouvernement du voisin ibérique durant la délicate période de transition après le départ de Franco. Une expérience qui a propulsé l'Espagne, en un temps records, au rang des nations de l'Union Européenne tant au niveau démocratique qu'au niveau socio-économique.
La présentation des résultats d'un sondage effectué auprès d'une tranche représentative des jeunes a constitué le préambule de ce débat. D'après le sondage, réalisé par l'association ''convergence 21'' auprès des jeunes de la tranche d'âge 20-30 ans, 70 pc des sondés n'ont jamais voté, 40 pc ne comptent pas le faire de sitôt et 80 pc souhaitent ''plus de justice, une meilleure qualité de vie et plus de libertés''.
Après un bref rappel de son engagement politique dès son jeune âge qu'il a qualifié d'''engagement moral'' pour changer une situation qui suscitait son indignation, M. Gonzalez a affirmé que la désaffection des jeunes pour la chose publique est actuellement un phénomène universel qui plombe la vie politique même dans ''les démocraties mures''.
''La politique se fera avec ou sans vous et peut être contre vous'' a affirmé M. Gonzalez en s'adressant à une audience constituée en majorité de jeunes étudiants.
L'ex-chef du gouvernement espagnol a rappelé l'importance de l'engagement politique qui a prévalu dans son pays durant la période de transition et qui a permis au voisin ibérique de réaliser des changements majeurs dans son histoire durant les 25 dernières années.
Même s'il a qualifié la politique comme étant ''une activité qui peut être la plus noble comme elle risque d'être la plus dégradante pour un être humain'', M. Gonzalez a plaidé pour l'engagement des jeunes en vue de prendre part activement à la gouvernance de la cité.

""La politique c'est l'art de gouverner l'espace public que nous partageons dans le respect de la pluralité et la diversité des identités et dans l'objectif d'assurer une cohabitation faite des valeurs de la citoyenneté'', a-t-il assuré.
Pour sa part, Mme Nouzha Skalli, députée, a dressé un bilan optimiste des avancées du Royaume sur la voie de la démocratie. Elle a notamment évoqué l'élargissement du champs des libertés, l'expérience pilote ''Equité et réconciliation'', ainsi que les importantes initiatives visant à garantir une pleine citoyenneté aux femmes, grâce notamment au code de la à famille, à l'adoption de l'approche du genre dans les politiques du gouvernement et à la réforme annoncée du code de la nationalité.
Après avoir évoqué les innovations du code électoral et les conditions favorables à une pratique politique saine, Mme Sekalli a appelé les jeunes et les femmes, qu'elle a qualifiés de ''force porteuse du changement'', à une forte mobilisation pour réussir les enjeux majeurs des élections 2007.
L'intervenante a appelé aussi les jeunes à s'affranchir du négativisme et s'engager dans une citoyenneté active et constructive. Et de conclure sur la sagesse du proverbe chinois ''Mieux vaut allumer une bougie que maudire l'obscurité''.
Ali Bouabid, secrétaire général de la fondation Abderrahim Bouabid, a affirmé, de son côte, que le ''Maroc n'a jamais été aussi démocratique et libéral qu'il l'est aujourd'hui''. ''Actuellement on a réellement la liberté du vote et il faut en faire bon usage. Si nous ne nous engageons pas pour parachever l'édification du Maroc de demain il y'a même risque de perdre les acquis'', a-t-il dit à l'adresse des jeunes.
M. Abdelmounaim Dilami, journaliste et directeur de publication, a estimé, quant à lui, que la pérennité des élites politiques constitue l'une des principales causes de la désaffection envers la politique et les forts taux d'abstention lors des opérations électorales.
Empêcher le renouvellement des élites c'est parvenir inéluctablement à une rupture avec la masse populaire, a-t-il dit ajoutant que dans toutes les expériences de transition réussies, l'élite qui a conduit le changement finit par passer le flambeau.
La rencontre a été clôturée par un débat sur la pratique politique, les attentes des jeunes et le concept de la citoyenneté. Un échange de points de vue qui illustre l'esprit même de la démocratie.(MAP).